Le Parvis Arnaud BELTRAME situé devant la mairie a été inauguré mardi après-midi à La Croisille-sur-Briance, avec une belle cérémonie afin de rendre hommage au Colonel Arnaud BELTRAME, mort en héros à la suite de l’attaque de Trèbes le 23 mars 2018.
À l’invitation du Maire et du conseil municipal étaient présents M. le Préfet Seymour MORSY, M. le Général François BONAVITA, Mme la députée Sophie BEAUDOIN-HUBIÈRE et de nombreux autres élus, des représentants de la gendarmerie, des autorités militaires, civiles, religieuses et judiciaires, et des enfants de l’école communale avec leur directrice et enseignante, ainsi que de nombreux habitants de la commune qui s’étaient rassemblés devant le parvis de la Mairie qui porte aujourd’hui le nom de « Parvis Arnaud BELTRAME ».
Après avoir accueilli et salué toutes les personnalités présentes, le maire de La Croisille, ému, a évoqué le « héros national mort au combat » qui trouvera dans l’histoire « sa place légitime » et fait le lien entre Georges GUINGOUIN dont l’école porte le nom, « pour les combats d’hier contre le nazisme à ceux d’aujourd’hui contre le terrorisme islamique ».
Voir son discours à la fin de l’article
Le Général François BONAVITA , commandant adjoint de de gendarmerie de la région Nouvelle-Aquitaine, a rappelé toute la carrière militaire d’Arnaud BELTRAME, « l’officier au grand cœur », avant de conclure en rendant hommage à l’homme d’action, généreux, disponible, modeste et « désireux avant tout autre chose de protéger et servir ses concitoyens ».
Mme La députée, en référence à la date historique du 18 juin, et en particulier cette voix qui s’élevait, il y a 79 ans, du Général de Gaulle. Ce geste héroïque du Colonel Arnaud BELTRAME ne peut que rappeler ce message de combattre à n’importe quel prix de tout sacrifice.
Pour le préfet, M. Seymour MORSY, Arnaud BELTRAME est un « homme hors du commun », un homme tolérant, généreux. « Ce geste est celui d’un homme exceptionnel, habité par une grandeur rare ». Mais c’est aussi une lutte, que nous devons mener chaque jour, contre l’obscurantisme de ces individus, qui ne servent que leur intérêt individuel. Nous nous devons un devoir de mémoire pour nous, nos enfants et les futures générations.
Puis, en présence des porte-drapeaux, les enfants de l’école communale déposèrent chacun une rose blanche avant les gerbes du Maire, de la Députée et du Préfet devant la plaque du parvis qui porte dorénavant son nom.
Enfin, après la sonnerie aux morts et la minute de silence, les enfants de l’école entonnèrent une vibrante et émouvante marseillaise en chantant, chose rare de nos jours, les trois premiers couplets en entier.
DISCOURS DU MAIRE DE LA CROISILLE
Il ne vous a pas échappé que nous sommes aujourd’hui le 18 juin, et qu’au-delà de la foire mensuelle du 18 de La Croisille, c’est bien évidemment le jour de l’appel à la résistance du Général De Gaulle, et vous avez bien compris que cette date n’a pas été choisie au hasard pour commémorer et rendre hommage au colonel Arnaud Beltrame.
Il y a dix ans maintenant, nous avions donné le nom de celui que l’on appelait le préfet du maquis, Georges GUINGOUIN à notre école communale, afin d’honorer la mémoire des résistants et maquisards qui ont pris part à la bataille du Mont Gargan contre les nazis, bataille qui a commencé à quelques centaines de mètres d’ici sur la route de la Vialle à La Croisille-sur-Briance.
Les combats de cette époque étaient contre une idéologie mortifère et aujourd’hui plus de 70 ans après nous nous trouvons confrontés à une autre idéologie tout aussi mortifère, l’islamisme radical et son terrorisme.
Il y a un peu plus d’un an, encore une fois, notre pays a été frappé par un attentat terroriste aveugle mu par la haine et le fanatisme religieux.
Quatre de nos compatriotes y ont laissé la vie plongeant leurs familles dans la douleur.
Ces meurtres atteignent notre pays au plus profond de lui-même et de son identité, qui est, faut-il le rappeler, basé sur ses valeurs de tolérance que sont la liberté, l’égalité, la fraternité mais aussi la laïcité, comme cela est écrit sur le fronton de notre mairie.
Ces valeurs sont fondées sur les droits de tous mais aussi sur les devoirs de chacun, valeurs qui sont le fondement de notre république, car la France n’est pas seulement une démocratie, c’est aussi une république.
Ce jour-là, comme Georges GUINGOUIN dans le passé, un autre homme s’est levé, seul, face à la haine et à la barbarie, C’est Arnaud BELTRAME.
Qui fut ? Plus seul que lui au moment où il décida de prendre la place de l’otage, assumant le risque immense d’y laisser sa vie pour essayer de maitriser le tueur.
Un acte d’héroïsme d’un homme engagé au service de son pays et qui déjà avait fait de même en Irak pour exfiltrer une ressortissante française.
Un acte d’héroïsme qui nous interpelle tous et nous appelle à rester debout face à cette terreur aveugle et barbare qu’est le terrorisme islamique.
Il est à l’image de celui de J. MOULIN qui refusa l’ignominie de la collaboration et de l’antisémitisme, il est à l’image des résistants du Vercors, des Glières et ici chez nous du maquis du Mont Gargan qui sacrifièrent leur jeunesse et leur vie pour que notre pays vive libre. Il est à l’image du sacrifice du groupe MANOUCCHIAN, résistants étrangers qui donnèrent leur vie pour la France.
Il est à l’image des héros de la dissidence qui dans toutes les dictatures ont lutté et luttent encore pour la liberté.
Aujourd’hui encore, les innocents assassinés nous interpellent : la République que les générations passées ont défendue, je le rappelais au début de mon intervention, a produit l’école, la culture et l’égalité entre toutes et tous, la laïcité, la liberté de penser et de vivre dans le respect de tous ses citoyens.
Elle ne se garantira que si nous restons unis, dans le respect du cadre républicain, dans le rejet de tous les extrémismes et populismes, dans le combat contre toutes les haines, tous les intégrismes.
Cet acte réfléchi et héroïque nous interpelle et nous fait réfléchir : la mort d’Arnaud BELTRAME nous rappelle que les principes ne doivent pas seulement reposer sur le sacrifice des autres, mais passer aussi par notre attitude individuelle.
Le geste d’Arnaud BELTRAME incarne le choix d’un homme sublimé par sa mission, seul face à la décision, prêt au sacrifice pour les autres et pour son pays.
Il a sidéré notre société de confort en lui montrant encore une fois, une fois de trop, que rien n’est acquis et que les valeurs qui structurent nos démocraties sont fragiles et menacées et nous appellent à la plus grande vigilance.
Au nom de la liberté, au nom de la démocratie, nous apportons notre reconnaissance et soutien aux policiers, gendarmes, enquêteurs et services de secours qui œuvrent pour notre sécurité et notre liberté.
Nous devons leur dire notre soutien et notre reconnaissance.
Aux victimes innocentes et à leur famille nous disons notre compassion.
A vous, Colonel Arnaud BELTRAME nous voulons dire l’immense admiration et le profond respect pour le sacrifice que vous avez accompli en toute connaissance du danger.
Vous êtes un homme de bien, un homme d’honneur un homme de tolérance et de probité qui rassemble ce qui est éparse.
Vous avez balisé le chemin; votre sacrifice ne doit pas rester vain et nous appelle au sursaut: au-delà de nos différences et parce que nous avons ces différences, un seul chemin est possible : rester debout face à l’intolérance, au fanatisme et à l’intégrisme.
Le choix que j’ai présenté au conseil municipal de La Croisille-sur-Briance, que ce parvis porte votre nom, mon Colonel, se veut un acte fort : devant la Mairie, maison commune, symbole de notre pays et de sa démocratie de proximité et devant l’ école communale Georges GUINGOUIN symbole de culture, de savoir, de tolérance qui sont les remparts contre la bêtise meurtrière des fanatiques et des assassins, nous voulons leur signifier que nos démocraties ne cèderont pas devant la violence et le fanatisme.
Nous voulons leur dire encore une fois que nous aimons la vie, le plaisir et le bonheur ; que nous aimons tout ce qu’eux détestent : le rire, les chansons, la convivialité, l’amour, la culture, les artistes, l’égalité des hommes et des femmes, la liberté de penser et d’expression, la liberté de la presse, la laïcité.
Tout cela ne se négocie pas et doit être défendu constamment avec courage force et vigueur, tout en rappelant fortement les devoirs de chacun.
Un long combat attend nos démocraties mais nous ne céderons pas.
Au nom du sacrifice du Colonel Arnaud Beltrame et des victimes innocentes du terrorisme nous devons le mener, en respect et en souvenir de sa mémoire.
Pour conclure, Colonel Arnaud BELTRAME, je veux juste vous dire que tous les habitants de La Croisille-sur-Briance seront désormais fiers d’avoir le parvis de leur mairie et donc son adresse qui portera votre nom.
Gloire à vous Arnaud Beltrame
Je vous remercie de votre attention.
Jean-Gérard Didierre
Le 18 juin 2019