« La vie secrète des arbres » était le thème proposé en 2018 par l’association Croisille Récré-Art-Tion pour le concours photo organisé chaque année à La Croisille-sur-Briance. Une des particularités de cet événement consiste à ce que la totalité des photos envoyées par les nombreux participants soit exposée dans le village même, en extérieur, sur des grilles de jardins. À l’heure actuelle, près de 150 photos sont ainsi visibles de tous entre la place et la boulangerie de La Croisille.
Cette année, le jury a choisi de récompenser Leslie Busquet, pour sa photo intitulée « Mon avenir est entre vos mains ». Ce titre, on ne peut plus explicite, s’ajoute aux différents symboles que l’on peut lire au travers de la photo elle-même. Les mains ouvertes d’un enfant mettent en valeur une pousse de chêne récemment mise en terre, à la manière d’une offrande. Les feuilles sont en couleur, tandis que tout le reste de la photo est en noir et blanc, à l’exception de quelques tiges d’herbes autour de la pousse. La symbolique du chêne est riche : à la fois force et sagesse, il évoque également la longévité, la solidité, la justice, l’hospitalité, la générosité, tout en incarnant un lien entre la terre et le ciel.
Mais le titre de la photo pointe du doigt un autre lien de façon évidente : celui que nous entretenons avec la nature, ici et maintenant. À l’heure de l’exploitation forestière intensive, de la maximisation de bois en volume et de l’investissement à très court terme, au détriment des générations futures. À l’heure où des coupes rases défigurent nos paysages, un peu plus rapidement chaque année, et où la sylviculture prime sur l’équilibre fragile de la biodiversité. En cela, cette photo est un symbole à elle seule.
Rappelons de même que le thème de ce concours est aussi le titre d’un livre écrit par Peter Wohlleben, paru aux éditions des Arènes en 2017, qui fut un gros succès commercial. Un livre dont Jacques Tassin, chercheur en écologie végétale, dit : « Prêter aux arbres des sentiments humains, des émotions, la sensation de douleur, le souci de l’entraide, nous fait peut-être rêver, mais nous relègue dans un monde imaginaire. Il s’agit là de chimères ou de fantasmes, en tous cas d’êtres irréels. » Ce qui nous éloigne au final d’une problématique bien réelle : celle qui touche au devenir de nos forêts, liée de façon directe à la crise climatique à laquelle nous sommes confrontés. La photographie récompensée cette année à l’occasion de ce concours s’empare ainsi très habilement de la véritable problématique.