Comme tous les ans les membres de la FNACA de Châteauneuf-la-Forêt se sont réunis mardi 19 mars devant le Monument aux Morts de La Croisille-sur-Briance pour célébrer le 57ème anniversaire du cessez-le-feu de la guerre d’Algérie..
La cérémonie a bénéficié de la présence du Maire de la commune M. Jean-Gérard Didierre de Mme Isabelle Bourliataud adjointe au Maire de M. Thierry Lafarge conseiller départemental et des membres du Conseil Municipal.
Dans leurs allocutions, le maire et le président du comité local de la FNACA ont tous marqué l’importance de cette commémoration dans la démarche républicaine de réconciliation et de construction d’une mémoire plurielle, équitable et complémentaire de toutes les victimes de ce conflit dont Claude Chartagnac enfant de la croisille.
Cette commémoration rappelle que la République est bâtie sur une volonté de paix, affirmée il y a 57 ans et accomplie depuis lors non seulement par les engagements internationaux de la France, mais aussi à travers la politique que les élus locaux mènent dans les territoires afin d’assurer la vigueur et la pérennité des valeurs de la République.
Après que la mairie de La Croisille et l’ association de la fnaca ont déposé des gerbes aux Monument aux Morts, les participants se sont donnés rendez-vous l’an prochain pour la 58 ème commémoration.
Discours de M. le Maire de La Croisille ci dessous.
Il y a 56 ans, au lendemain des accords d’Evian signés entre le gouvernement français et le Front de libération nationale, le cessez- le-feu, l ‘Algérie sonnait le glas d’une guerre qui a marqué notre mémoire, notre histoire, c’était le 19 mars 1962.
Certes, cette date n’est pas la paix. La guerre ne s’est pas terminée au lendemain des accords d’Evian. Les violences ont continué. Nombre de harkis ont été massacrés et un million d’européens ont dû être rapatriés pour échapper à un destin funeste. Mais nous retiendrons que cette date qui marque la volonté partagée de sortir de la guerre.
Oui, ce conflit algérien était une guerre. Une guerre de huit ans avec son cortège d’horreurs, d’abominations, de martyrs et victimes, comme celle de claude Chartagnac notre enfant de La Croisille. 152 000 morts dans les rangs du FLN, 27 500 militaires français tués et près de 500 000 morts algériens, civils ou combattants.
C’est dire l’importance du devoir de mémoire qui s’impose à nous, un devoir d’honnête historique également vis-à-vis de tous ceux, et de leur famille, qui ont vécu ce conflit. Vis-à-vis également des jeunes générations.
Le 19 Mars 1962 marque la volonté commune de la république française et du gouvernement provisoire de la république algérienne de cesser les hostilités et d’engager nos deux pays dans une nouvelle voie, celle de la coopération dont nous sommes encore les acteurs.
Ces accords constituaient un compromis politique, et non une défaite militaire. Ils furent approuvés par le peuple français à plus de 90 % lors du référendum du 8 avril 1962.
Aujourd’hui, symboliquement, cette commémoration nous permet de tirer une leçon au regard de notre actualité quotidienne : celle du nécessaire dialogue entre les hommes lorsque les différends surgissent et que les violences éclatent.
Je veux parler du dialogue, comme synonyme de volonté assumée et consentie d’écoute, de considération et de concessions mutuelles. Le souvenir de la guerre d’Algérie nous rappelle ainsi qu’entre les hommes, entre les peuples, la seule conquête qui vaille est celle de la paix.
C’est le message qui doit rester le nôtre envers toutes les jeunes générations qui aspirent à ne plus connaitre les souffrances des guerres.
N’oublions pas qu’entre 1954 et 1962, ce conflit a mobilisé deux millions de jeunes français du contingent, appelés 27 mois pour certains, soit toute la durée de leur service militaire. Ayons une pensée en ce jour commémoratif pour les sacrifices consentis par cette dernière génération ayant connu la cruauté de la guerre et des stigmates, souvent indicibles, qu’elle laisse.
Vous avez vu des camarades tomber, vous avez vu des camarades grièvement blessés, garder des marques sur leur corps. Et nous avons tous vu et entendu des personnes marquées par des blessures psychologiques et morales. Des blessures invisibles mais dont la cicatrice ne se referme jamais complètement.
Vous représentez les mémoires. Derrière chaque mémoire, n’oublions pas qu’il y a une famille, des survivants, des descendants. Et je n’oublie aucune victime. Car cette guerre était avant tout un déchirement des peuples, des deux côtés de la Méditerranée.
Cette, par cette guerre commémoration est pour moi celle du souvenir. Ce jour doit servir à témoigner notre respect à toutes celles et ceux qui ont été touchés, de près ou de loin, dans leurs corps ou dans leur âme, par cette guerre. Parce qu’ils y étaient, Parce que qu’ils y ont perdu quelqu’un. Parce que cette guerre est une part de leur testament et qu’elle constitue notre héritage.
Cet héritage c’est aussi celui de la volonté des signataires des accords d’Evian de construire une relation de paix, affranchie de toute forme de domination . Des traces persistent dans nos consciences respectives, françaises et algériennes. 56 ans après il est temps de savoir les dépasser.
Aujourd’hui, l’heure est au souvenir. Surtout, il est l’heure, plus que jamais, de promouvoir la paix entre les peuples.
Vive la République
Vive la France
Vive la Paix.
Jean-Gérard Didierre