« Dans le temps », il n’y avait pas de déchetterie intercommunale. « Dans le temps », on ne triait pas nos déchets par catégories afin qu’ils soient recyclés. « Dans le temps », on se débarrassait de nos encombrants à proximité de chez soi, le plus souvent dans la forêt, dans un endroit discret cependant. Tout y passait : cuisinières, frigos, machines à laver, pneus, carcasses de voitures, bidons en plastique, bouteilles en verre, literie usagée, rouleaux de fil de fer barbelé…
On se souciait peu de l’environnement « dans le temps ». Nombreuses étaient les zones que chacun connaissait où il était convenu de déverser ce qui n’avait pas plus d’usage, ce qui ne valait plus rien. Toutes les communes possédaient ainsi ses décharges publiques, souvent sauvages, qu’on appelait « remblais ». La terre et les saisons en faisaient leur affaire : la végétation et les écoulements de boue ensevelissaient peu à peu les déchets qui pouvaient mettre dix ans ou un siècle à se décomposer, qu’ils soient visibles ou non.
Nous connaissons tous cette expression : « Mettre 107 ans à faire quelque chose… ». Il faut justement plus ou moins 107 ans à un pneu pour se décomposer dans la terre. Il faut un peu moins de temps à une carrosserie de voiture, à un landau de bébé ou à un bidon en métal de 200 litres. Les bouteilles en verre mettent beaucoup plus de temps que ça à se faire digérer par la terre, qu’elles soient intactes ou brisées. Par la terre et par l’eau.
Et c’est précisément la question de l’eau qui a alerté le Maire et les services communaux de la Croisille-sur-Briance, puisqu’une décharge sauvage depuis 30 ans, menaçait de polluer le ruisseau nommé Perche l’Oiseau, celui qui alimente l’étang récemment vidangé et réaménagé. Encore récemment à cet endroit, une machine à laver avait échoué au bord de la route. En se dégradant, ces déchets n’affectent pas que l’eau et la terre, mais aussi la biodiversité de l’environnement immédiat. Et ils dégradent en tout premier lieu le paysage lui-même.
Ces jours-ci, l’équipe des services municipaux de La Croisille, assistée de l’équipe du Relais Infos Services (association d’insertion par le travail), s’est consacrée à l’évacuation complète de la décharge sauvage de La Vialle, située entre le ruisseau susdit et la route qui mène vers les hameaux Les Ors et Le Poumeau. Une dizaine de personnes au total, qui ont pris soin d’enlever les déchets accumulés depuis des décennies à cet endroit, à la main, patiemment, afin de faire une toilette au lieu, en profondeur afin que la nature ne serve plus dorénavant de décharge publique.
