
Chez nous à La Croisille aussi, des personnes ont fait montre d’héroïsme. Je pense notamment au regretté Louis Gendillout pour qui je tiens à avoir une pensée en ce jour.
La paix d’alors, et celle qui demeure aujourd’hui, doit beaucoup à ces résistants.
Quand on évoque cette période, celle de la guerre et de l’occupation, l’honnêteté commande de ne pas occulter la part d’ombre qui fut aussi la nôtre.
La France a subi les délations, la honte de la collaboration, celle du régime de Vichy, de « ses petites mains sales » miliciennes à ses élites ministérielles collaborationnistes, honte à eux pour toujours.
Pourquoi éclairer en ce jour cette part obscure de notre passé ? Pour rappeler que rien n’est jamais ni prédéfini, ni acquis.
Ainsi, la France aurait pu sombrer dans le camp de l’Axe formé de l’Allemagne de l’Italie et du Japon.
Il a fallu l’opiniâtreté du général de Gaulle pour faire reconnaître aux Alliés la légitimité de la France libre et éviter que le pays soit placé sous l’administration militaire des forces coalisées.
De nos jours, qui peut affirmer que la paix est à jamais acquise ? Chacun sait qu’elle est un bien commun, précieux, mais fragile.
Avons-nous oublié qu’une guerre fratricide pouvait ravager le continent européen ? Et ce qui se passe en ce moment en Ukraine n’est pas pour nous rassurer.
Avons-nous oublié que la Shoah fut le terrible aboutissement d’un processus de stigmatisation des Juifs ? Avons-nous oublié que des Français ont collaboré par adhésion à la « révolution nationale » de Pétain ?
Avons-nous oublié que la crise de 1929 fut le terreau de la guerre ?
Celles et ceux qui comme moi sont nés à l’immédiat après la guerre doivent se souvenir avec humilité de cette période.
Nous n’avons pas été les témoins directs de cette tragédie. Nous n’avons pas vu les camps et les champs de bataille.
Nous n’avons pas été confrontés à des choix dramatiques, personnels ou collectifs.
Pour autant, se souvenir est une obligation ardente. Il est de notre devoir de ne pas oublier les causes qui entraînent la guerre, et les conséquences qu’elle amène à son tour. Il est de notre devoir de nous souvenir quelles valeurs nous ont été transmises notamment ici à La Croisille par Georges Guingouin et la résistance.
La présence ce matin d’un piquet d’honneur de jeunes gendarmes n’est pas anodin.
Avant de venir ici nous sommes allés déposer une gerbe à la stèle du gendarme Franz MUNIER à l’angle de la route de la Vialle car ce gendarme n’écoutant que son courage pour lutter contre le nazisme rejoignit le maquis et eu une conduite héroïque en attaquant les allemands avec une auto mitrailleuse prise à l’ennemi une première fois avec succès, mais péri en héros à l’âge de 29 ans lors de la deuxième attaque le 17 juillet 1944 à 11 heures.
Et nous avons aussi déposé une autre gerbe pour un autre gendarme le colonel Arnaud Beltrame sur le parvis de la mairie qui porte aujourd’hui son nom et qui lui aussi perdit la vie contre un autre fanatisme le terrorisme islamique il y a 4 ans déjà.
Au travers de ces deux vies perdues en héros, nous devons honorer tous nos morts et leur sacrifice pour la liberté de notre pays et la lutte contre toutes les barbaries qu’elles soit d’hier ou d’aujourd’hui.
« Certains jours, j’ai rêvé d’une gomme à effacer l’immondice humaine » écrivait Aragon. A défaut d’une telle chimère, utilisons l’arme qui est à notre portée : la transmission de la mémoire.
Et nous ne saluerons jamais assez le travail remarquable réalisé par l’ANACR notamment avec Anne-Marie MONTAUDON sur notre territoire ou par Julie GREZE au travers de ses interventions pour le pays d’art et d’histoire.
Mesdames et Messieurs, 78 ans après la fin de la seconde guerre mondiale nous vivons à nouveau dans un monde en proie au chaos intellectuel et moral, dans un monde confronté à la résurgence des idéologies de la haine et défié par des fanatismes religieux qui tuent au nom de leur « vérité ».
Nous devons réaffirmer les valeurs de notre république, pour la liberté contre l’oppression, pour l’égalité contre les postulats différentialistes, pour la fraternité contre l’intolérance et le fanatisme, contre le racisme et l’antisémitisme, contre la xénophobie et ces nouvelles formes de ségrégation raciale qui pullulent désormais sur les réseaux sociaux.
Les temps de crise, que nous connaissons depuis quelques années, nous le savons bien sont propices au développement de l’individualisme.
Face à cela nous devons au contraire rester unis et solidaires.
Et se souvenir que chez nous à La Croisille-sur-Briance 6 de nos enfants sont morts pour la France et ses valeurs républicaines lors de la deuxième guerre mondiale, leurs noms sont gravés sur notre monument ils s’appellaient :
Michel DEFAYE
Julien GOUMONDIE
Henri JUMEAUX
Marcelin MONTHEIL
André PEJOUT
Louis RIVET
Leur gloire restera éternelle est -il gravé ici en lettre d’or, sur notre monument, en sommes-nous si certains ?
Qu’ils reposent en paix avec l’expression individuelle et collective de notre profond respect et de notre reconnaissance pour ce qu’ils ont fait pour nous et pour les leçons qu’ils nous ont laissées. 78 ans après le 8 mai 1945,
Aussi, la tête haute, riche de nos convictions républicaines, nous pouvons affirmer que le 8 mai devient, et chaque année d’avantage, le moment de symboliser et de rappeler ces valeurs de respect et de dignité tirées des leçons de notre Histoire qui doivent être transmises de générations en générations.
Nous devons nous souvenir aujourd’hui, demain, toujours, de ce que signifie ce 8 mai 1945.
Car comme le disait Victor HUGO « La guerre, c’est la guerre des hommes, la paix c’est la guerre des idées ».
Mes chers concitoyens, gardons toujours en nous allumer les trois grandes lumières que sont la Liberté, l’Egalité et la Fraternité.
Auquel j’ajouterai la Laïcité.
Pour conclure, je vous demande à toutes et à tous d’être vigilants, d’être des bâtisseurs et des soldats de la paix de demain, elle vous appartient, elle nous appartient.
Vive la Paix
Vive la liberté
Vive la République
Et Vive la France.
Jean-Gérard Didierre
Maire de La Croisille-sur-Briance
8 mai 2022
