DISCOURS : DE LA COMMÉMORATION DE L’ARMISTICE DU 11 NOVEMBRE 1918 DU MAIRE DE LA CROISILLE-SUR-BRIANCE LE 11 NOVEMBRE 2025
(En Français et ensuite en Anglais)
Madame/Monsieur,
Mesdames et messieurs les élu·e·s, en vos grades et qualités
Mes chers enfants de notre école communale
Messieurs les Porte-drapeaux,
Mes chers concitoyens anglais qui célèbrent aujourd’hui le Popys’s day,
Comme chaque année, c’est avec solennité et émotion que nous nous retrouvons pour commémorer la signature de l’armistice du 11 novembre 1918.
Ce jour-là, à 11 heures précises, le clairon a retenti sur la ligne de front et les armes se sont tues et partout en France les cloches des églises ont sonné, comme nous l’avons fait à l’instant, puisque sont les mêmes qui ont annoncés la bonne nouvelle il y a 107 ans aujourd’hui.
Une guerre effroyable de quatre ans prenait fin. La paix faisait son retour dans une France meurtrie et dans l’Europe tout entière.
Il suffit de regarder ici sur notre monument aux morts de La Croisille l’impressionnante liste des crouzillauds morts pour la France
Et c’est ainsi dans toute la France sur tous les monuments aux morts ont voit qu’une génération entière a été sacrifié.
Aujourd’hui, où nous réunit ce souvenir, le silence et le recueillement conviendraient mieux que tout, mais l’homme a besoin des mots pour l’aider à comprendre et vaincre l’oubli.
C’est encore plus vrai, en ces temps qui voit le retour de la guerre au cœur de l’Europe. Il y a 3 ans maintenant, vous le savez la Russie a attaqué l’Ukraine, obligeant ce pays à entrer en guerre. Depuis, le bruit des armes est à nos portes ; 2 600 kilomètres nous séparent de l’Ukraine, c’est bien peu.
Et la guerre entre les israéliens et les palestiniens c’est déporté de gaza vers la Cisjordanie
En ce jour de souvenir, on ne peut éviter de faire le lien entre les soldats de 14 et ceux d’aujourd’hui. Un lien tragique.
Comme en 1914, malgré les mots d’ordre martiaux qui, au début de la guerre, claironnaient en Allemagne « à Paris dans cinq semaines » et ceux qui en France affirmaient « À Berlin avant Noël », la sinistre réalité de la guerre a rattrapé tout le monde.
Comme en 14, la guerre en Ukraine qui devait être courte et glorieuse pour l’envahisseur, a échappé, tel le monstre de Frankenstein, à son créateur russe Vladimir POUTINE.
Comme en 1914, l’hiver approche, les positions vont se figer à nouveau.
Les hommes, hier boulangers, avocats, ouvriers, paysans… aujourd’hui soldats vont devenir comme nos poilus de 1914, embourbés dans des tranchées, bloqués dans une guerre d’usure.
Comme en 14 encore, où la guerre, qui au départ opposait deux belligérants, est devenue européenne puis mondiale, le conflit en Ukraine recomposant un affrontement entre blocs antagonistes.
Comme en 14 enfin, et, quelle que soit l’issue du conflit en Ukraine, une chose est certaine : la guerre qui devait assurer la prospérité et la gloire à la nation victorieuse n’apportera que la ruine et des morts.
Toutes les guerres ont un destin commun, toutes les guerres charrient leur cortège de morts, de blessés et de traumatisés, de veuves et d’orphelins.
Souvenons-nous que celle dont nous commémorons la fin aujourd’hui a fait 10 millions de morts et deux fois plus de blessés ! Une génération entière d’hommes a été sacrifiée avec, parmi les survivants, quelque 6 millions de mutilés.
Célébrer la mémoire de ces combattants, c’est donc aussi mesurer tout ce qui aurait pu être fait par ces hommes sacrifiés, disparus au seuil de leur vie d’adulte. C’est donc aussi mesurer le manque à vivre, le manque à aimer, le manque à créer qu’aura entraîné cette guerre.
Commémorer le 11 novembre, c’est aussi comprendre pour agir à préserver la paix.
Je l’ai dit, les guerres ont un destin commun, la ruine et la mort. Elles ont aussi des causes en partage.
En 1914 comme aujourd’hui, les nationalismes belliqueux nourrissent le funeste engrenage qui conduit à la barbarie et au chaos.
Serions-nous condamnés à répéter nos errements comme se le demandait Romain Rolland, en 1914 : « N’y a-t-il pas de meilleur emploi au dévouement d’un peuple que la ruine des autres peuples ? Faut-il que le plus fort rêve perpétuellement de faire peser sur les autres son ombre orgueilleuse, et que les autres perpétuellement s’unissent pour l’abattre ? À ce jeu puéril et sanglant, où les partenaires changent de place tous les siècles, n’y aura-t-il jamais de fin, jusqu’à l’épuisement total de l’humanité ? »
Cela doit nous inviter à redoubler de vigilance, à considérer que la paix est fragile. Elle se mérite et se protège en permanence. C’est à chacun d’entre nous d’y veiller.
C’est pourquoi nous ne devons jamais cesser d’analyser la mécanique infernale, de lier les circonstances et leurs conséquences, et de rappeler les erreurs des hommes pour ne pas les reproduire.
C’est pourquoi nous devons sans relâche défendre nos valeurs Républicaines hérités du siècle des lumières afin de tenir à distance les bruits de bottes.
Chacun a bien compris que ce qui se joue en Ukraine est autant un conflit géostratégique qu’un affrontement entre deux modèles politiques.
C’est enfin pourquoi nous devons combattre l’oubli auquel le temps condamne même les plus grands évènements.
Perpétuer le souvenir de la « grande guerre », raviver le souvenir de ces destins brisés qu’égrènent les noms gravés dans la pierre du Monument aux Morts de La Croisille, comme je le disais en début de mon discours, c’est se battre pour que la paix l’emporte.
Comme nous le faisons ici tous les ans avec nos amis britanniques de La Croisille qui participent au popys’s day C’est le jour où nous réunissons le coquelicot et le bleuet.
C’est le lieutenant-colonel John Mc Crae, un médecin militaire canadien, qui établit le rapport entre le coquelicot et les champs de batailles et écrivit son célèbre poème In Flanders Fields (Au champ d’honneur).
Le coquelicot devint alors rapidement le symbole des soldats morts au combat je vais vous lire son poème.
« Au champ d’honneur, les coquelicots
Sont parsemés de lot en lot
Auprès des croix ; et dans l’espace
Les alouettes devenues lasses
Mêlent leurs chants au sifflement
Des obusiers.
Nous sommes morts
Nous qui songions la veille encore
À nos parents, à nos amis,
C’est nous qui reposons ici
Au champ d’honneur.
À vous, jeunes désabusés
À vous, de porter l’oriflamme
Et de garder au fond de l’âme
Le goût de vivre en liberté.
Acceptez le défi, sinon
Les coquelicots se faneront »
Le 11 novembre est aussi l’occasion pour nous de rendre hommage à tous les morts pour la France.
Notre pays paie le prix du sang pour maintenir la paix dans certaines parties du monde. Nous ne les oublions pas.
En ce jour d’hommage aux combattants morts pour la France, nous n’oublions pas non plus toutes les victimes innocentes de ces conflits. Que celles et ceux qui vivent au quotidien ces guerres, en Ukraine, à Gaza en cis Jordanie et ailleurs, puissent espérer une véritable paix prochaine.
Enfin pour conclure, je laisserai la parole à Jean Jaurès, assassiné en 1914 pour avoir tenté jusqu’au bout d’arrêter la marche vers l’abîme.
Jaurès écrivait : « L’humanité est maudite si, pour faire preuve de courage, elle est condamnée à tuer éternellement ».
Je formule donc le vœu en ce mardi 11 novembre 2025 ici à La Croisille que nous mettions notre courage au service de la paix de la liberté , de l’égalité et de la fraternité.
Vive la Paix.
Vive l’Europe.
Vive la République.
Et vive la France.
Jean-Gérard DIDIERRE
Maire de La Croisille-sur-Briance
Le 11 Novembre 2O25
11th NOVEMBER 2025
SPEECH FOR THE COMMEMORATION OF THE ARMISTICE OF 11th NOVEMBER 1918
Ladies and gentlemen,
Elected representatives, in your official capacities,
Dear children of our local school,
Flag-bearers,
My dear fellow British citizens, who are today commemorating Poppy Day,
As every year, it is with solemnity and emotion that we gather here to commemorate the signing of the Armistice of 11 November 1918.
On that day, at precisely 11 o’clock, the bugle sounded on the front line and the guns fell silent. All over France, church bells rang out, as they have just done, since they are the same bells that announced the good news 107 years ago today.
A terrible four-year war was coming to an end. Peace was returning to a wounded France and to the whole of Europe.
Just looking at the memorial in La Croisille, you can see the numbers of Crouzillauds who died for France.
And so it is throughout the country, on all the war memorials, and we see that an entire generation was sacrificed.
Today, as we gather to remember, silence and contemplation would be most appropriate, but humans need words to help them understand and overcome oblivion.
This is even more true in these times, which have seen the return of war to the heart of Europe. Three years ago now, as you know, Russia attacked Ukraine, forcing that country into war. Since then, the sound of weapons has been at our doorstep; 2,600 kilometres separate us from Ukraine, which is very little.
And the war between the Israelis and the Palestinians has spread from Gaza to the West Bank.
On this day of remembrance, we cannot help but draw a link between the soldiers of 1914 and those of today. It is a tragic connection.
As in 1914, despite the chants that rang out in Germany at the start of the war, ‘Paris in five weeks’, and those in France that claimed ‘Berlin before Christmas’, the grim reality of war caught up with everyone.
As in 1914, the war in Ukraine, which was supposed to be short and glorious for the invader, has escaped, like Frankenstein’s monster, from its Russian creator Vladimir Putin.
As in 1914, winter is approaching and positions are set to freeze once again.
The men, who yesterday were bakers, lawyers, labourers and farmers, but today are soldiers, will become like our troops of 1914, bogged down in trenches and stuck in a war of attrition.
As in 1914, when the war, which initially pitted two belligerents against each other, became European and then global, the conflict in Ukraine is recreating confrontation between antagonistic blocs.
Finally, as in 1914, and regardless of the outcome of the conflict in Ukraine, one thing is certain: the war that was supposed to bring prosperity and glory to the victorious nation will only bring ruin and death.
All wars share a common fate; all wars bring with them a trail of death, injury and trauma, widows and orphans.
Let us remember that the war whose end we commemorate today claimed 10 million lives and left twice as many wounded! An entire generation of men was sacrificed, with some 6 million survivors left maimed.
Commemorating these combatants also means measuring all that could have been achieved by these men who were sacrificed, who disappeared at the threshold of adulthood. It means measuring the loss of life, the loss of love, the loss of creativity that this war caused.
Commemorating 11 November also means understanding in order to act to preserve peace.
As I said, wars have a common destiny: ruin and death. They also have common causes.
In 1914, as today, bellicose nationalism fuels the deadly spiral that leads to barbarism and chaos.
Are we doomed to repeat our mistakes, as Romain Rolland wondered in 1914: « Is there no better use for the devotion of one people than the ruin of other peoples? Must the strongest perpetually dream of casting their proud shadow over others, and must others perpetually unite to bring them down? Will there never be an end to this childish and bloody game, in which the partners change places every century, until humanity is completely exhausted? »
This should prompt us to redouble our vigilance and recognise that peace is fragile. It must be earned and protected at all times. It is up to each and every one of us to ensure this.
That is why we must never cease to analyse the infernal mechanics, to link circumstances and their consequences, and to remember the mistakes of men so as not to repeat them.
That is why we must relentlessly defend our Republican values inherited from the Age of Enlightenment in order to keep the sound of marching boots at bay.
Everyone understands that what is at stake in Ukraine is as much a geostrategic conflict as it is a clash between two political models.
That is why we must fight against the oblivion to which time condemns even the greatest events.
Perpetuating the memory of the Great War, reviving the memory of those broken destinies those whose names are engraved in the stone of La Croisille’s War Memorial, as I said at the beginning of my speech, means fighting for peace to prevail.
As we do here every year with our British friends from La Croisille who take part in Poppy Day, this is the day when we bring together the poppy and the cornflower.
It was Lieutenant-Colonel John McCrae, a Canadian military doctor, who established the connection between the poppy and the battlefields and wrote his famous poem In Flanders Fields.
The poppy quickly became the symbol of the soldiers who died in combat. I will read the poem to you.
In Flanders fields the poppies blow
Between the crosses, row on row,
That mark our place; and in the sky
The larks, still bravely singing, fly
Scarce heard amid the guns below.
We are the Dead. Short days ago
We lived, felt dawn, saw sunset glow,
Loved and were loved, and now we lie,
In Flanders fields.
Take up our quarrel with the foe:
To you from failing hands we throw
The torch; be yours to hold it high.
If ye break faith with us who die
We shall not sleep, though poppies grow
In Flanders fields.
11 November is also an opportunity for us to pay tribute to all those who have died for France.
Our country pays the price in blood to maintain peace in certain parts of the world. We do not forget those who have lost their lives.
On this day of tribute to the soldiers who died for France, we also remember all the innocent victims of these conflicts. May those who live through these wars on a daily basis, in Ukraine, Gaza, the West Bank and elsewhere, be able to hope for true peace in the near future.
Finally, to conclude, I will give the floor to Jean Jaurès, assassinated in 1914 for having tried until the end to stop the march towards the abyss.
Jaurès wrote: ‘Humanity is cursed if, in order to show courage, it is condemned to kill eternally’.
I therefore express the wish, here in La Croisille on this Tuesday, 11 November 2025, that we put our courage to the service of peace, liberty, equality and fraternity.
Long live peace.
Long live Europe.
Long live the Republic.
And long live France.
