Il y a plus de 50 ans commençait ce que les autorités Françaises d’alors ont d’abord appelé « la pacification » puis les « événements d’Algérie ».
Une terminologie qui confinait à une entreprise de déréalisation de la part des gouvernements de l’époque, pouvoirs faut-il le rappeler qui oscillaient entre le déni et la censure.
Il y avait sûrement la volonté de cacher à nos concitoyens l’effroi d’une guerre sans nom qui, tout le monde peut aujourd’hui en être d’accord, fut une véritable guerre avec son lot de terreur et d’injustice.
En commémorant la date du 19 mars 1962, date correspondant à l’arrêt officiel des combats, cela nous permet de rendre hommage, ici tous les ans aux victimes de la guerre d’Algérie et plus spécialement à La Croisille à Claude CHARTAGNAC.
Cette date du 19 Mars a été choisie en plein accord avec la FNACA, afin que ces anciens combattants puissent être présents aujourd’hui.
Car en effet, c’est le lundi 19 mars à midi, après huit ans d’une guerre, qui comme je le disais précédemment, n’a jamais voulu dire son nom, que cessaient officiellement les combats sur le terrain entre les troupes françaises et les combattants de l’année de libération nationale de l’ALGERIE.
Cet événement historique fut accueilli avec soulagement par la très grande majorité de nos compatriotes.
Le 19 mars est une date lourde de sens synonyme de cessez le feu, mais il ne s’agit en aucun cas d’occulter les souffrances de ceux, qui au-delà du 19 mars ont été les ultimes victimes d’un conflit sanglant.
Cette date marque la fin officielle de l’engagement de l’armée ordonnée par les autorités légitimes de la République.
C’est le gouvernement français du Général De Gaulle qui a pris la responsabilité de tirer les conséquences de l’effondrement, pour certains, d’un espoir, pour d’autres, d’un carcan d’oppression qui fut pendant un siècle la présence Française en Algérie.
Pour tous ceux qui furent brisés, pour les blessés, pour les familles de victimes, cette date est celle du début d’un renouveau, d’un retour très progressif à la paix civile
Elle trouve sa légitimité dans le résultat du référendum du 8 avril 1962 où 90 % des votants ratifièrent les accords d’Evian.
Nous rendons hommage à l’ensemble des morts de cette guerre, à l’ensemble des engagements des uns et des autres, quels que furent leur camp et le moment de leur décès.
Cette commémoration permet à tous ceux qui ont connu cette période comme à ceux qui n’étaient pas nés, de rappeler que des jeunes sont partis, certains sans se poser de questions, d’autres la peur au ventre, et que ceux qui en sont revenus avaient souvent perdu une part de leur insouciance.
Car la guerre d’Algérie est une période complexe de notre histoire, qui pendant longtemps fut occultée de l’enseignement déclenchant des prises de positions irrationnelles.
Il est donc naturel de rendre hommage à ceux qui, appelés sous nos couleurs et au nom du gouvernement de la République, sont partis au combat.
Ils étaient soldats du contingent, ont obéi parfois à des ordres indignes et en sont revenus meurtris et parfois traumatisés.
Commémorer le 19 mars ne signifie pas oublier, ceux qui au-delà de cette date ont eu à souffrir des représailles ou des crimes de masse perpétrés à leur encontre.
Bien au contraire cette date marque un consensus dans le désir de paix de toutes les parties impliquées dans le conflit. Cette promesse eut son lot d’échecs terribles, dans les semaines qui suivirent les accords d’Evian mais rien ne pouvait enrayer le processus inéluctable de la décolonisation en Algérie à partir de cette date.
L’admettre ce n’est pas prendre parti, ce n’est pas faire jouer de manière dangereuse la « concurrence des mémoires » évoquée par certains ; non c’est au contraire célébrer une volonté de paix qui fut la base de la réconciliation entre nos deux nations.
La commémoration renforce les liens entre les générations, elle est propice à l’édification des consciences.
Il est en effet toujours nécessaire de faire valoir avec objectivité les réalités de notre histoire parfois tumultueuse. Agir ainsi permet d’éviter que de l’incompréhension du passé naisse l’incompréhension du présent.
Au-delà des anciens combattants, la date du 19 mars 1962 appartient à notre histoire commune, toute emplie des parcours et des identités de chacun d’entre nous ici à La Croisille et de chacun de nos concitoyens.
Je vous remercie de votre attention.
Jean-Gérard Didierre
La Croisille le 19 Mars 2017