11 NOVEMBRE 2023
DISCOURS DU MAIRE DE LA CROISILLE-SUR-BRIANCE A LA POPULATION ET APPEL A PARTICIPER DIMANCHE A 15H00 A LA MANIFESTATION POUR LA REPUBLIQUE ET CONTRE L’ANTISEMITISME.
Je commencerai par rappeler que 14-18 fut une sorte de revanche de 1870, contre l’incurie de ceux qui gouvernaient avec l’Empire la France à l’époque,
Ayons une pensée pour celles et ceux qui dans plusieurs villes de France dont Paris et Limoges se levèrent et se révoltèrent avec la Commune, notamment pendant la semaine sanglante du 21 au 28 Mai 1871.
Souvenons-nous de Léonard Thoumieu enfant du pays natif de St Gilles-les-forêts, à la foret basse, mort sur les barricades à Paris, souvenons-nous des Eugène Pottier, Jules Vallès, Louise Michel, et bien entendu de Jean Baptiste Clément qui lui-même a combattu pendant la semaine sanglante de fin mai 1871.
Il est l’auteur de cette belle chanson, Le Temps des Cerises, que nous avons écouté au début de notre commémoration et qui n’a pas pris une ride 150 ans après et qui est devenue une vraie chanson populaire une chanson de nos racines républicaines et que les poilus de 14 chantaient en montant à Verdun ou aux chemins des dames.
N’oublions pas que les fondements des idées de notre République viennent de là.
C’est la commune qui inspira la séparation des Eglises et de l’Etat qu’elle avait appliqué et conséquemment de la laïcisation de l’enseignement et que tout cela amena la chute de l’Empire et l’avènement de la République.
Soyons dignes des sacrifices consentis par nos combattants de 1870 et de la Grande Guerre de 1914-1918, de leur dévouement sans faille.
Je vais continuer mon propos par l’évocation d’une lettre d’un autre enfant du pays, un poilu d’ici, un fils d’ouvrier agricole, Michel Taupiac dit « Michou » de St Léonard de Noblat, 29 ans en 1914.
Qui dans une lettre envoyée à ses parents nous livre un témoignage si précieux de ce conflit dont la mémoire nous rassemble aujourd’hui.
Voici ce qu’il écrivait.
« Quand nous sommes arrivés par ici au mois de novembre, cette plaine était alors magnifique avec ses champs à perte de vue, pleins de betteraves, parsemés de riches fermes jalonnés de meules de blé…….. !
Maintenant c’est le pays de la mort, tous ces champs sont bouleversés, piétinés, les fermes sont brulées ou en ruines et une autre végétation est née : ce sont les petits monticules surmontés d’une croix ou simplement d’une bouteille renversée dans laquelle on à placé les papiers de celui qui dort là ».
Ces commémorations sont également l’occasion de rappeler l’honneur et la dignité de tous les soldats français, anglais et autres … morts pour notre liberté.
Mais si nous sommes réunis, c’est bien davantage pour honorer notre devoir de mémoire que pour célébrer une victoire qui au fil du temps, s’est empreinte d’un gout amer.
Comment parler de victoire lorsque l’on dénombre, au lendemain de cette guerre, près de 10 millions de morts deux fois plus de blessés, quelques 6 millions de mutilés qu’on appellera les « gueules cassées ».
En France et en Belgique, à la fin de l’été 1914, la guerre précipita sur les routes de très nombreux civils fuyant les combats.
Au cours des quatre années du conflit, près de 12 millions d’individus en Europe vont ainsi connaître des déplacements contraints, des exils vers des destinations lointaines ou proches, toujours en rupture avec les lieux choisis du temps de paix.
Ces déplacés ont des visages multiples : réfugiés abandonnant leur maison à l’approche de l’invasion allemande, civil évacué par l’autorité militaire, rapatrié, travailleur forcé, interné, déporté… les conditions de cet exode contraint sont abominables.
Comment ne pas faire le parallèle avec la situation d’aujourd’hui de ces familles fuyant les guerres…. et laissant tout derrière eux !
Le bilan de la grande Guerre fut atroce ! C’est qu’en 14 la guerre avait changé d’échelle……Les progrès de l’industrialisation, qui avaient semblé apporter le bonheur aux hommes se retournaient contre eux.
Et tout d’un coup la guerre prenait une figure apocalyptique. Tous nos soldats, partis des villes et des campagnes dans l’enthousiasme de cet été 14 « la fleur au fusil », comme on l’a dit depuis se retrouvaient soudain piégés dans la boue des tranchées sous la pluie des obus, sous les rafales de mitrailleuses et dans les vapeurs asphyxiantes des gaz moutarde.
Tous les combattants de ce conflit, sont aujourd’hui disparus.
La Grande Guerre est passée de la mémoire à l’Histoire.
Cette histoire Paul Valéry disait d’elle « qu’elle donne les clés pour comprendre notre présent et les moyens de penser notre avenir ».
C’est bien le sens de cette commémoration.
Chaque 11 novembre est l’occasion de se souvenir qu’une guerre ne vient jamais par hasard.
Le combat pour la paix et l’amitié entre les peuples qu’elles que soit leurs croyances ou la couleur de leur peau n’a rien d’un combat d’arrière-garde.
L’engagement des peuples représente au contraire une condition indispensable au maintien de la paix.
Car en effet la paix a été signée à Rethondes, et des institutions internationales ont été créées pour garantir le dialogue entre les nations, mais pour autant, les guerres ont continué.
Elles ont perduré tout au long du XXème siècle.
Elles sont multiples aujourd’hui, de la Syrie à l’Irak, de l’Afghanistan à la somalie, de l’Ukraine à Israël et à Gaza la liste est longue des régions du globe ou parlent les armes et ou souffrent les peuples.
Les leçons du passé, nous les tirons chaque année ici même, en nous recueillant devant notre monument aux morts.
Mais surtout, ces leçons, par ces temps où la haine de l’autre le racisme et l’antisémitisme réapparait, même ici à La Croisille, rappelons que cela ne mène qu’a la guerre et au bout à la fin de la démocratie
François MITTERRAND disait « le Patriotisme c’est la Paix, le Nationalisme c’est la guerre ».
Aussi transmettons nos valeurs, pas seulement par des mots et par l’éducation mais aussi par des actes.
Car nos enfants qui nous observent auront demain la responsabilité de notre héritage.
Nous nous devons de leur apprendre et de leur montrer que la République c’est la liberté l’égalité et la Fraternité qui font que nous sommes en paix.
Au moment ou les actes antisémites explosent en France et dans le monde, je vous appelle à participer toutes et tous demain dimanche à 15h00 à Limoges à la manifestation républicaine pour la République et contre l’antisémitisme.
Enfin pour conclure rêvons ensemble du jour où le retour à la paix ne sera plus seulement, comme l’écrivait Jean GIRAUDOUX, « l’intervalle entre deux guerres », mais plutôt comme l’avait voulu le philosophe Emmanuel KANT, « l’aube d’une paix perpétuelle ».
Que le souvenir du sacrifice des combattants de ces guerres renforce encore notre détermination à œuvrer pour la paix.
Vive la République
Vive la France.
Jean-Gérard DIDIERRE.
Maire de La Croisille-sur-Briance.
Le 11 novembre 2023.